À l’heure où la géopolitique internationale est incertaine, les enjeux commerciaux internationaux suscitent interrogations et prises de décisions des politiques qui impactent directement nos industries, à commencer par la filière viticole et plus largement la filière des spiritueux, fleuron de notre patrimoine culturel et économique. Les acteurs de ce secteur se mobilisent. Rencontre avec Catherine Dumas, sénatrice de Paris.
Madame la Sénatrice, quels sont vos titres et fonctions ?
« Je suis sénatrice de Paris et conseillère de Paris, élue du 17e arrondissement. Au titre de ces mandats, j’assume diverses fonctions. Au Sénat, je suis notamment vice-présidente de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Le Sénat compte sept Commissions permanentes qui constituent les organes essentiels du travail législatif. À la différence de l’Assemblée nationale, où il existe deux commissions distinctes, le Sénat a fait le choix d’une commission unique, afin d’avoir une vision globale des enjeux de politique étrangère et de défense. À la Mairie de Paris, je suis membre du groupe « Union Capitale » et membre de la 7e Commission en charge des associations, des sports et des relations internationales ».
Vous êtes également membre du Groupe d’études Métiers d’art ?
En effet, des Groupes d’études sont ouverts aux membres du Sénat pour étudier et suivre des questions spécifiques. Ces instances, qui n’interviennent pas directement dans la procédure législative et demeurent sous le contrôle des commissions permanentes, ont pour mission d’assurer une veille juridique et technique sur les questions dont elles sont chargées afin d’informer les parlementaires. Le Groupe d’études Métiers d’art suit un secteur économique qui participe pleinement au rayonnement économique et culturel de la France.
Vous êtes par ailleurs présidente et vice-présidente des Groupes d’amitié France-Corée, France-Chine, France-Maroc, France-Israël ?
Il existe 80 Groupes interparlementaires d’amitié (18 groupes régionaux et 62 groupes «mono-pays») liant le Sénat aux institutions politiques et parlementaires de 190 États. Instruments privilégiés de la coopération bilatérale entre les Parlements, ces groupes sont devenus des acteurs de premier ordre de la diplomatie parlementaire. Je suis présidente du Groupe d’amitié France-Corée et vice-présidente des Groupes France-Chine, France-Maroc et France-Israël.
Madame la Sénatrice, face à la montée des tensions commerciales entre l’Europe et la Chine, vous êtes intervenue récemment sur le dossier du cognac. Comment se concrétise votre action pour protéger cet emblème du savoir-faire français ?
Le cognac est bien plus qu’un produit d’exportation. C’est un symbole de notre patrimoine, de notre excellence, de ces savoir-faire français qui font rayonner notre pays dans le monde. Face à la menace d’une surtaxation par la Chine, et dans un contexte international plus que jamais instable, j’ai interpellé le Gouvernement au Sénat par une question d’actualité pour alerter sur les conséquences économiques immédiates de cette guerre commerciale. Mais mon engagement ne s’arrête pas aux murs du Palais du Luxembourg.
Je suis également mobilisée par le biais de la diplomatie parlementaire. En tant que vice- présidente du groupe d’amitié France-Chine, j’ai échangé avec l’Ambassadeur de Chine en France afin d’évaluer les conséquences de la guerre commerciale sur les produits français. J’ai porté un message clair : protéger nos producteurs, maintenir le dialogue, éviter toute escalade préjudiciable.
Je reste plus que jamais mobilisée pour défendre nos fleurons français, préserver nos emplois, soutenir notre industrie, et faire rayonner cette identité française bâtie sur l’excellence.
En tant que vice-présidente de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, quelle est votre analyse de cette crise ?
Une guerre commerciale n’est jamais une bonne nouvelle pour nos entreprises, ni pour les Français.
Ce sont des entreprises fragilisées, des emplois menacés, des territoires désorganisés. Et dans cette nouvelle phase de tensions entre puissances, ce sont bien nos filières d’excellence – de la viticulture à l’aéronautique – qui se retrouvent en première ligne.
Au sein de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, cela fait plusieurs années que nous alertons sur la montée des tensions économiques internationales.
À travers les nombreuses auditions que nous menons – avec des économistes, des autorités militaires, des diplomates, des industriels, etc. -, une conviction s’est imposée : la France doit se défendre, protéger ses intérêts stratégiques et ses filières.
Dans ce contexte, la diplomatie parlementaire apparaît comme un outil précieux pour accompagner cette stratégie de défense, en portant la voix de la France là où les tensions se cristallisent et où le dialogue reste possible. Je crois en une diplomatie du temps long, fondée sur la culture, la jeunesse, la langue et la gastronomie – une diplomatie qui construit des ponts entre nos pays, et non des murs.
Comment défendez-vous concrètement le rayonnement culturel français dans vos fonctions parlementaires ?
Je suis très investie dans les questions de rayonnement de la France et de sa diplomatie d’influence. Depuis 2023, je suis rapporteur pour avis du programme « Diplomatie culturelle et d’influence » pour les budgets. Lors de l’examen du dernier Projet de loi de finances, j’ai tiré la sonnette d’alarme : les crédits alloués à nos opérateurs comme l’Institut français, les Alliances
françaises ou les programmes de coopération culturelle sont en recul.
Si nous voulons continuer à rayonner dans le monde, il faut donner les moyens à nos acteurs culturels. Cela passe notamment par le soutien aux programmes de promotion de la francophonie, aux partenariats artistiques et aux échanges éducatifs.
La culture est un langage universel, et c’est par elle que la France peut continuer à dialoguer et rassembler.
La France et le « Made in France » ont toujours été des leviers de croissance importants pour nos industries. Comment envisagez-vous l’avenir de cette spécificité qui est la nôtre ?
Le « Fabriqué en France » demeure un levier puissant de croissance économique et d’attractivité internationale. Pour l’avenir, nous devons capitaliser sur cette spécificité en renforçant notre communication sur l’excellence française, en soutenant activement nos PME à l’international et en encourageant une consommation responsable et durable, valorisant ainsi notre singularité française.
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