J’aime la France pour ce qu’elle fait de mieux. Ses parfums et ses Airbus, ses fromages et ses Ariane, ses vins et ses TGV, ses bijoux et ses champs de blé, ses bistrots et ses musées, son CAC 40… et sa pub. Mais oui : sa pub !
Un jour Pagnol, un jour Sautet, un jour Cocteau, un jour Coluche, un jour Malraux, un jour Gainsbourg, un jour Houellebecq, un jour d’Ormesson, un jour Omar Sy, un jour Jamel, la pub française est à notre image : populaire et sophistiquée, poète et criarde, visionnaire et provocante. Une pub charnelle, au sang mêlé de l’inventivité et de l’humanité, mais toujours passionnée. Une pub de l’envie, une pub de la vie à nulle autre pareille. Si les Anglo-Saxons la méprisent, c’est peut-être par crainte de se voir démodés. La communication est comme les peuples, le double permanent de nos racines et de notre actualité. Nous croyons regarder la télévision, mais c’est elle qui nous regarde. À coups d’enquêtes, d’études, de sondages, elle nous devine et aussitôt nous révèle sur ses écrans. La pub est notre miroir comme elle l’est des autres nations, aussi révélatrice de nos talents que de nos travers.
Ainsi, dis-moi quelle est ta pub et je te dirai qui tu es. Les efficaces USA ont inventé l’efficacité publicitaire. Chez nous le side by side, et la slice of life ont perdu tout ressort à force de banalité, or sans eux Madison Avenue ne serait jamais devenue Billing Avenue. L’impossible Angleterre doit à son humour de nous disputer la tête du hit-parade créatif international. La bouillante Espagne fait une pub coup de cœur, la sanguine Italie une pub coup de sang, la rigoureuse Allemagne une pub sans coups et sans à-coups, Brésiliens, eux, dansent la samba de la tête aux pieds.
Pendant ce temps, la pub chinoise se cherche. Elle se trouvera lorsqu’elle saura révéler l’âme chinoise.
Nous sommes les servants d’un seul maître, notre public, qui nous aime pour ces morceaux de rêve, de rire et de risque dont nous saupoudrons sa consommation. Que nous soyons la première ou la dernière des multinationales l’indiffère, il nous veut marchands de poésie et de rêverie, d’humour et d’amour. Et pas marchand de sous. Ni de soupe. Les poètes n’ont jamais gagné à revêtir l’habit de banquier.
À notre image, la première vertu de notre pub française est d’avoir le culte de l’élégance et de l’impertinence. Aux campagnes de promotion nous préférons les campagnes de séduction.
J’ai longtemps cherché la différence entre publicité française et publicité américaine, je n’en vois qu’une : la première part du cœur pour toucher la tête, elle est sensible et romantique, la seconde part de la tête pour toucher le portefeuille. Elle est sonnante et trébuchante.
Aussi, mon grand espoir pour la pub chinoise, celle du plus grand marché du monde, est de la voir épouser la pub à la française.
Quel beau mariage cela serait.
Marry me !






