La plus ancienne maison de vins de la Champagne se nourrit d’un passé riche et glorieux qui se conjugue au présent avec, en point de mire, un avenir où l’excellence reste le maître-mot. Jean-Pierre Cointreau, le président de la Maison Gosset, répond à nos questions. Rencontre.
Vous avez déclaré : « Il est essentiel de connaître la vision du fondateur, celle qu’il a transmise et comment celle-ci a évolué. » Cela s’applique-t-il à la Maison Gosset ?
L’élément le plus important que l’on connaisse, depuis sept siècles, du fondateur de la lignée Gosset, est son attachement à la Champagne et aux vins de Champagne. Depuis 1584, chaque génération a compris que l’important n’était pas d’attendre que les orages passent mais d’apprendre à danser sous la pluie, autrement dit, de trouver des solutions aux problèmes du moment pour assurer la transmission.
Travailler en famille, un gage de réussite ?
Clairement un atout qui assure que la stratégie de la Maison est pensée à long terme, sans la pression à court terme des institutions financières.
La transmission participe-t-elle de l’image de la Maison ?
Tout vigneron, tout gestionnaire doit inscrire la transmission en tête de ses objectifs.
Quelles ont été les évolutions notoires depuis 1993 et l’acquisition de Maison Gosset ?
La principale évolution, pendant ces trois décennies, a été l’acquisition des locaux d’Épernay qui nous a permis de doubler la capacité de nos caves et de réaliser l’ouverture au public de notre patrimoine.
Maison Gosset, c’est un domaine et une cave, avec Odilon de Varine et Gabrielle Malagu. L’arrivée de Gabrielle a-t-elle fait souffler un « vent de fraîcheur » au sein de l’entreprise et quelle est sa valeur ajoutée ?
Globalement, le travail de dix-sept générations chez Gosset témoigne de la touche personnelle de chacun des chefs de caves mais c’est la continuité du style Gosset que chacun a su s’approprier et poursuivre, qui en constitue le maillon fort.
Le fait d’être détenteur du label d’état « Entreprise du Patrimoine Vivant », et surtout de son renouvellement, est-il un plus pour l’exportation ?
Être reconnu – et renouvelé déjà deux fois – par le label EPV, donc par l’État, pour l’excellence de son savoir-faire, est un atout indéniable pour la Maison Gosset, tant en France qu’auprès de nos importateurs, notamment en Asie.
Quels sont les pays qui plébiscitent Maison Gosset ?
Tous les pays anglo-saxons et, plus généralement, les pays consommateurs historiques du Champagne, comme l’Italie par exemple.
La Maison Gosset est un lieu de production, d’accueil et de réception : cette ouverture au public est-elle nécessaire, voire impérative au XXIe siècle ?
L’œnotourisme est devenu une composante légitime du marketing des marques de vins et spiritueux. Elle est cohérente avec la labélisation EPV et la redécouverte de leur patrimoine par les Français.
Pourquoi avoir initié le Trophée Gosset ?
Pour mettre en avant le patrimoine gastronomique de la France, les actions caritatives de nos chefs et sommeliers et, plus largement, notre patrimoine matériel comme immatériel.
Gosset et Studio Harcourt, comment est née cette idée de la rencontre entre deux icônes intemporelles ?
Prendre la pose pour le Studio Harcourt a souvent été le symbole de la consécration des vedettes. Cette photo, qui immortalise notre bouteille antique, sublime le caractère intemporel de notre Champagne Gosset, de la même manière qu’elle a immortalisé Michèle Morgan ou Jean Gabin.
Le festival Vign’art, pourquoi cet événement ?
Accueillir une œuvre d’art au sein de notre parc d’Épernay permet de mêler champagne et art contemporain, de participer à la vie culturelle de la Champagne et, à travers l’art, de susciter chez nos visiteurs une émotion supplémentaire.
Un domaine comme Maison Gosset peut-il, aujourd’hui, se contenter de ne produire que des champagnes ? Ou doit-il s’ouvrir à des événements, les créer même, en lien avec son image ?
L’élaboration des meilleurs champagnes constitue clairement le premier rôle de la Maison. La participation à des événements culturels, comme Vign’art, fait partie de notre engagement culturel de la même manière que notre fondation familiale pour l’éducation aux métiers de la gastronomie participe de notre rôle social.
Le CA 2024 de Maison Gosset est-il en hausse ou en baisse par rapport au précédent ?
Au-delà de la conjoncture propre à la France, les mouvements géopolitiques actuels restent notre principale préoccupation. L’adage en vogue est souvent « Quand je me regarde je m’inquiète, quand je me compare je me rassure. »
Propos recueillis par Cécile Olivéro
