Jacques Séguéla : La terre, cette grande oubliée

 

« On ne change pas le monde, on le répare. »
Albert Camus

Soudain de battre le temps s’est arrêté, un arrêt sur image planétaire. En un slogan présidentiel « Nous sommes en guerre », nous avons basculé dans l’oubli de la fin du monde. Il n’y en a plus que pour Poutine, la guerre est devenue pour nos médias leur pain quotidien. Le monde médiatique qui parle en boucle du malheur à venir et jamais du bonheur d’être français.

Puis viendra une troisième guerre, celle-ci solidaire et planétaire, collaborative et innovatrice, heureuse et généreuse, une guerre sans douleur, sans mort, un combat de cœur, pas de rancœur. Le temps de réparer le monde plutôt que le défigurer, martyriser, crucifier..
Le pire a toujours une part de meilleur. Ces guerres en série auront une fin. Le temps sera alors venu de laisser la place à la générosité, la solidarité, l’ingéniosité, à l’humour et la sauvegarde de la planète, ces valeurs enfuies du monde d’avant condamné. La mort en série finira par nous obliger, pour l’oublier, d’accepter le goût du vivre ensemble et de s’engager dans le plus grand projet qui soit : réparer le monde.
Edgar Morin, mon philosophe préféré, qu’est-ce que j’ai pu aimer cet homme, va plus loin. Pour lui : « Les êtres qui constitueront notre humanité ne sont pas seulement reliés par nos valeurs communes et des liens sociaux. Nous sommes également connectés les uns et les autres, à travers un réseau microscopique de germes pathogènes. »
Les temps d’après-guerre, les temps d’espoir sont, et seront toujours, temps de changement. Les crises n’ont que deux portes de sorties : la Révolution ou la création qui nous ouvre la voie d’une évolution sociétale. Mais aussi un message d’espoir venu de la Terre. Nous ne sauverons la Terre qu’en faisant notre projet commun. Il est temps.
Il n’est jamais trop tôt pour savoir qu’il n’est pas trop tard.

La France est à bout de souffle, endeuillée par deux guerres à sa porte, appauvrie par une crise économique et sociale inévitable, alourdie par un temps enfui qu’elle ne sait que regretter, paralysée par un avenir qui la dépasse. Nous doutons de nous. C’est contre cet immobilisme, ce fatalisme, ce défaitisme qu’il nous faut réagir.

Où va le monde ? Vaste programme. Sur le sujet se dit tout et n’importe quoi. Dans ce brouillard de chiffres et de mots, de prévisions et de révisions, de noir et d’espoir, il s’agit d’essayer d’y voir un peu plus clair. Non en scientifique, en expert, en politique ou en sociologue, je serais risible, mais en publicitaire. Ma tâche est d’essayer de comprendre demain pour mieux y préparer nos marques et les guider dans leur combat pour un monde meilleur. Secoué par les crises en cascades, il n’est pas d’annonceur aujourd’hui qui ne se soucie du devenir de la planète. Et ne s’engage dans le “green fight” planétaire. Chacun à sa manière, chacun à son niveau, chacun en son domaine, qu’il soit réchauffement climatique, atteinte à la biodiversité, raréfaction de l’eau, montée de nos océans, encadrement de la démographie, anschluss numérique, intelligence artificielle, avenir de l’espace, ou encore mort annoncée du capitalisme.
Cette quête du futur, je la rêve heureuse, on ne se refait pas. Je suis naïf, je l’avoue, mais j’aime ça. Je veux croire en une “soft ecology” positive et partagée, unissant nos forces, nos pensées, nos idées pour inventer un ailleurs et autrement qui, n’en déplaise aux alarmistes de tous bords, a tout lieu d’être. Je n’adhérerai jamais à l’écologie punitive et à l’idéologie de la décroissance. L’Homme a mis 5 millions d’années pour apprendre à écrire mais n’a jamais, de toute son histoire, été aussi capable de maîtriser un avenir heureux. Voici venu le moment de le prouver. Soyons optimistes. Les optimistes ont inventé l’avion, les pessimistes le parachute.
Je reste dans l’avion.
L’avenir sera ce que nous en ferons, l’avenir sera ce que nous serons.
Que sera le XXIe siècle ? Un gigantesque inventaire à la Prévert : une robote dans notre lit, un mini-ordinateur greffé sur notre cerveau, une fusée humaine, une voiture solaire, un vélo volant, une cité sous-marine, un aller simple pour Mars, quelques milliards de Terriens supplémentaires et un raton laveur. Mais qui veut de cet avenir, qu’on ne présente que pollué, contaminé, embouteillé, numérisé, désabusé, déshumanisé, en état de mort climatique certaine et d’un embarquement forcé pour l’espace, en cavale d’une planète surpeuplée, sursaturée, surmanipulée ? Sommes-nous bêtes au point de nous croire capables d’une telle dégénération sans réaction ? Le passé nous rassure, l’avenir nous fait peur. Normal, nous ne le connaissons pas et tout ce que nous ignorons nous alarme.

Quant aux grandes décisions relevant des chefs d’États du monde, elles ne se prendront pas si nous ne les harcelons pas. Le combat est donc à deux vitesses, celui de nos gouvernants mais tout autant celui de chaque terrien. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. L’essentiel est de garder le moral comme disait Pierre Dac : «  Si notre matière grise était rose, nous n’aurions pas les idées noires. »

 

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